FRANZISKA MEGERT

 

 

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Texte du livre bibliophilique
La ville des immortelles

 

Franziska Megert
D.D. Divine Diablesse

par F.Arrabal

Dans l'univers video-art de Franziska Megert, ses oeuvres symbolisent la vie.
Les images virtuelles représentent le modèle de la pensée subconsciente.
Lart irrigue la virtualité, faisant croître la beauté, apaisant la soif d'absolu, charriant des mystères.
Chaque point est le théâtre d'une vie microscopique.
Chaque oeuvre de DD renferme en son espace le secret dense de l'exacte éternité.
Ce que l'on méprise, Franziska l'honore: son oeuvre s'interprète comme les faits du destin.
Destin qui montre du doigt DD grisée face au va-et-vient des questions sans réponse.
Absorbée en elle-même, elle drape de stupeurs son innocence diabolique.
Toute son énergie est collée à la moelle de son squelette.
Elle ne parvient à s'échapper et à s'extérioriser que sous forme de video-tableaux: lignes, couleurs, images, mouvements... inévitablement exacts en leur prodigieuse acuité.
Sa respiration, en pénétrant dans son corps, son rythme vital et son pouls, s'adaptent et ondulent dans ses veines, de son coeur jusqu'à l'extrémité de ses vingt doigts.
Lorsque DD crée, elle reflète le souffle du nouveau-né.
C'est une respiration embryonnaire, de celle qui ne peut s'élever, être heureuse, immortelle, que par le video-art... de qui inverse le processus vital pour parvenir à la création.
Elle eût aimé être un conquérant, même si pour y parvenir elle avait dû vendre son corps ou son âme.
Elle n'est qu'une fanatique de l'art d'aujourd’hui.
Elle croit que son corps abrite des serpents, des anges qui chantent dans son ventre.
Elle ne peut les cajoler qu'en les imaginant.
Elle voit son immortalité comme une poussière cybernétique qui, dès qu'on la touche, se métamorphose en mille méandres délirants.
Elle ne veut pas triompher dans tous les siècles des siècles sur les Registres de l'Immortalité... elle veut seulement éblouir et s'éblouir.
Le portique de son expérience est situé entre ses deux sourcils.
L'aventure en patins court de-ci, de-là, sur ses tempes, sans rime ni raison.
Face à l'écran sa tête communique avec la réalité.
Ses passions sont séparées de la mélancolie par une barrière infranchissable.
Lorsqu'elle saisit ses scanners , il y a des pigeons voyageurs attendant des messages postés aux articulations de ses mains et de ses pieds, au bout de ses doigts et sur la rétine de ses yeux.
Tous ses secrets, son intimité, sont envahis par le video-art.
Son visage s'avance vers l'écran comme si le monde s'était arrêté et comme si lui seul se mouvait.
Dans ses instants de création son corps est irradié de lumière tandis que celui des autres diffuse des ténèbres.
Parfois, assis, solitaire, face à la télévision, elle se demande:
Quel besoin ai-je de rayonner?
de demeurer dans l'espace visuel?
qui va me filmer?
Elle dévide l'infime dans le flou... et le transcrit dans son oeuvre, avec quel prodige !
L'admirateur-voyeur sent dans ses oeuvres son désir, son ardeur, le rythme de son coeur, sa candeur d'ange.
Ses visions exhaussent son désir de la terre à l'espace, de la voie au chaos.
Ce que Franziska Megert crée ne se plie pas à la providence de la Nature.
Et, cependant, elle se laisse porter par le souffle de l'Univers.
Elle n'imagine que l'incomparable.
Elle s'interroge: que sait l'éphémère virtuel de ce que sont le soir et la nuit ?
Que sait-il de l'art celui qui n'aime que l'habitude?
Dans son enfance, elle ne pouvait imaginer la paix, le calme, la joie.
Aujourd'hui, autour d’elle, les saisons se succèdent pour préparer dans les profondeurs de la nature le choc des couleurs... pour son oeuvre.
Des millions de formes colorent et épousent la variété du rêve et du firmament, pour elle toute seule.
Autour d’elle, la frivolité est présente.
Elle l'encercle.
Quelquefois, elle s'imagine plantée au milieu de la désolation.
Celle-ci émet un son sourd et invariable.
Elle brille comme un viscère qui ne se contracte plus jamais.
Cette désolation lui sert de modèle....
C'est un moteur sans âme.
C'est une inharmonie sans fin comme la dissonance.
Elle réussit à la transformer comme si l’écran était au centre d'un empire irradiant passions, convoitises et influences.
Que de fois le quadrilatère lumineux de son oeuvre, transmet-il la catalepsie!
On distingue une chute de neige sans flocons, sans terre, sans ciel.
Chute qui ignore le matin et la nuit, mais qui a la couleur de l'inspiration.
L'oeuvre de DD frémit de poussières palpitantes.
C'est un témoignage lumineux et plastique de la grâce.
Attend-elle que les barbares donnent l'assaut et mettent le feu à ses écrans ?
Quelquefois Franziska Megert, devant le film vierge, craint de perdre ses racines, de se désintégrer.
En ces instants, le visible naît de ce qui n'a pas de forme, et l'invisible de la panique.
Les menaces paraissent plus horribles que leur exécution.
Pour conjurer ses effrois, DD se laisse conduire par sa spontanéité, son héritage.
Elle entreprend le voyage vers la grâce dans toutes ses oeuvres de divine diablesse.

F. ARRABAL

El Pilar de Zaragoza et Paris, mars 2000